10 dinars vs 1000 dinars

Dr Nesrine Choucri Vendredi 25 Mai 2018-02:05:11 Shéhérazade raconte
10 dinars vs 1000 dinars
10 dinars vs 1000 dinars

Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire des 10 dinars et des 1000 dinars.

Il était une fois un médecin qui se prenait pour le plus intelligent de la planète. Il ne cessait de vanter ses mérites auprès des habitants de sa ville. Tout le monde reconnaissait ses mérites, mais en même temps, ses confrères en avaient assez de son arrogance. Il voyait en lui l'homme le plus arrogant et le plus fier de la ville. Toutefois, nul n'osait le contredire parce qu'ils avaient besoin de ses services et en matière de médecine, ses talents étaient sans limites. Pareil à un paon, le médecin disait que son intelligence était sans pareille et que nul ne pouvait lui ressembler. Un jour, un jeune ouvrier qui venait d'arriver en ville avait entendu l'histoire du médecin. Tout le monde parlait de lui, évoquait ses talents et lui était reconnaissant. L’ouvrier lui avait une idée différente de l’intelligence et il pensait que toute chose dans ce monde a ses limites, même l’intelligence. Il se disait : « Nul n’est au-dessus de tous. On a tous un grain de créativité et de débrouillardise. Nous sommes égaux et par conséquent semblables. Ce médecin est d’une arrogance hors pair ». Un soir alors qu’il rentrait dans son lit pour se coucher, le jeune homme a décidé de mettre en place un stratagème pour libérer la ville de l’emprise du médecin. D’abord, il feint la maladie pendant trois jours pour qu’on le transporte chez le fabuleux médecin qui ne recevait que des malades « graves » en raison de ses occupations et de manque de temps. Transporté chez le médecin, il a commencé à crier disant qu’il souffrait de son ventre, du vertige, de ses jambes. Il criait, pleurait, voire même gémissait et le médecin était incapable de le calmer ou de trouver une solution. Face à ce chaos, les autres malades s’inquiétaient, et le médecin donne au malade un somnifère. Le sommeil a calmé les cris du patient et sauvé la réputation du médecin. Mais, comme l’ouvrier n’avait pas de familles en ville, le médecin était obligé de le garder dans sa clinique et de s’occuper de lui. Au réveil, l’ouvrier s’est retrouvé en face du médecin. Il a décidé alors d’appliquer son stratagème, même s’il était encore un peu fatigué et qu’il avait le vertige. L’ouvrier a alors décidé d’engager une conversation avec le médecin. « Bonsoir, M. le médecin, je dois reconnaître que votre intelligence n’est égale qu’à votre bonté. Vous avez pu me sauver la vie. Je vous en suis reconnaissant. Je ne savais pas que vos vertus étaient illimitées ». Face à ce discours flatteur, le médecin ne pouvait être que fier de lui-même. Flatté pour son intelligence, il en avait l’habitude. Mais, évoquez d’autres vertus et d’autres côtés positifs de sa personnalité, c’était quelque chose de différent qui n’était jamais survenu avant. Alors, il a décidé de se montrer clément envers l’ouvrier. L’ouvrier a senti immédiatement qu’il a gagné sa cause et qu’il pouvait commencer à appliquer son stratagème. Il est vrai qu’il n’était pas aussi éduqué et instruit que le médecin, mais  c’était un ouvrier rusé qui a su acquérir au fil des années quelques compétences.

« Monsieur le médecin, on dit que vous êtes une source intarissable de savoir et de connaissances », dit-il. Le médecin a répondu sur un ton victorieux : « Eh, oui, évidemment ».

« Alors, j’ai une proposition  à vous  faire », dit l’ouvrier. « Laquelle ? » lança le médecin. « Pour passer le temps, nous pouvons jouer au jeu des questions. Ce jeu consiste à ce que je vous pose une question, si vous ne savez pas y répondre, vous me versez 1000 dinars. Et, vous me poser une question à laquelle si je n’arrive pas à répondre, je vous verse 10 dinars », a-t-il expliqué. Le médecin a dit alors : « Ce jeu n’est pas équilibré. Pourquoi devrais-je payer plus que toi ? » L’ouvrier lui a répondu très intelligemment : « Vous ne payerez jamais rien, vous êtes une personne instruite et éduquée. Qu’est-ce qu’un pauvre ouvrier comme moi peut connaître de plus que vous ? » Convaincu par cet argument, le médecin accepte le jeu. Et, il a commencé à poser la première question, l’ouvrier n’a pas su évidemment y répondre et a payé les 10 dinars. Alors, le médecin se sent triomphant et il attend que l’ouvrier lui pose une question stupide. « Quelle est la chose qui escalade la montagne avec trois pieds et qui redescend avec trois pieds? » Le médecin se creuse la tête, mais ne trouve pas de réponse. Alors, il se trouve obligé de payer les 1000 dinars. Mécontent, il cherche la réponse à sa question : « Quelle est alors cette chose ? », a-t-il dit à l’ouvrier. Ce dernier ne lui répond pas, il prépare ses affaires pour s’en aller. Mais, le médecin insiste et répose la question : « Quelle est cette chose ? » L’ouvrier n’a pas ouvert la bouche, mais il sort 10 autres dinars qu’il verse en silence au médecin. Ce dernier comprend tout de suite qu’il est tombé dans un piège. « L’intelligence n’est pas toujours ce que l’on pense et la ruse la dépasse de loin », se dit-il. L’ouvrier s’en va et le médecin apprend que tout dans la vie n’est pas sûr.

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